Fausses compagnies
Gilles Abier
Actes sud (Domaine français), 2000
236 p.



Thibaud, le narrateur de ce récit, a vingt ans. Depuis la mort accidentelle de sa mère, six ans plus tôt, il vit avec son père et sa grand-mère, une femme gentille, mais une commère de premier ordre. Des études moyennes, une année de fac, puis un emploi de caissier dans une grande surface. Une vie étriquée qui lui convient, semble-t-il, du moins provisoirement. Deux fois par semaine, les mêmes clients passent à sa caisse : le père (Hugo), la mère, et la jeune fille (Lucie). Ces jours-là, Thibaud est content d'aller travailler...
Sauf que, contrairement à ce qu'il fait croire au lecteur pendant un bon moment, ce n'est pas Lucie qui l'attire, mais bien son père. Le roman développe une double thématique : au niveau individuel, celle de l'homosexualité et des ravages que sa révélation produit dans la famille de Thibaud (la grand-mère, très collet monté, n'hésite pas à le traiter de dégénéré) et, au niveau familial, celle des mensonges et des secrets : Thibaud découvre que son père a aimé sa mère passionnément, sans être payé de retour, car elle n'a jamais oublié son premier amant, Hugo, dont Thibaud est d'ailleurs le fils.
Ce premier roman pèche un peu en naïveté dans les descriptions et l'analyse des sentiments, mais se lit néanmoins avec plaisir. Gilles Abier est certainement un auteur à suivre. À partir de 17 ans.
Nelly Longelin