L'année du silence
Madison Smart Bell
Actes Sud, 1997.
? p.



Méditation sur la mort, emprise du souvenir de l'être aimé, canalisation de la violence (contre soi et l'ordre du monde) par le biais de l'art martial : tels sont les thèmes abordés par Madison Smart Bell.
L'année du silence murmure le désenchantement d'une jeunesse désorientée, (dés)-abusée par l'ivresse artificielle de la drogue, par l'illusion des sens.
Weber est un jeune professeur d'anglais, métier qui ne lui procure guère de satisfaction. Difficile de revêtir le masque de pédagogue quand il faut survivre au suicide par overdose de la femme aimée, difficile d'accepter une réalité fuyante qui prône le bonheur évanescent et factice. Weber s'absorbe donc dans la pratique rigoureuse, presque supra-humaine, du karaté où il exhale sa rage et son aversion pour le monde.
L'année du silence nous montre que la vie ne vaut d'être vécue que si l'on s'accepte soi-même.
Quelque peu déroutant par sa neutralité de ton, son objectivité, L'année du silence n'existe qu'à travers des non-dits (on comprend le choix du titre) et transparaît dans un halo de pudeur et de sobriété.
Evocation embrumée de la mort, de l'absence et du désespoir, mais aussi de la quête de la paix intérieure, L'année du silence peut se lire à haute voix pour exociser la douleur et accepter parfois la fatalité.
A.P.