Mon papa
Anthony Browne
Kaléidoscope, 2000
25 p.



Anthony Browne, génialissime truffeur de détails et de récurrences, dilate ici notre image de père. Le père est un être surhumain ("sauter par dessus la lune"), admirable ("gagner la course des papas"), artiste ("danseur génial, chanteur extraordinaire"), sportif, courageux que l'enfant aime profondément.
Eloge au père donc, mais sans être dénié d'un second degré. La lecture des illustrations s'avère en effet à double détente : il existe des ressorts cachés dans l'image. Oui, ce père est auréolé d'une lumière divine ; oui, il excelle dans tous les domaines. Mais tout ceci ,n'est qu'à l'état embryonnaire, au stade du rêve, de l'espoir, car ce papa est vêtu d'un pyjama, d'une paire de pantoufles et d'une robe de chambre, symbôles d'un homme d'intérieur, flegmatique, lézardant à la maison.
On ne réchappe pas, d'autre part, à la démonstration de la force par un gorille (personnage fétiche de Browne) soulevant une haltère qui dissimule deux bananes.
Comme c'est beau l'amour que peut porter un enfant à son père, toujours à l'idolâtrer. Quand la réalité rejoint la fiction...
Cet album d'Anthony Browne est un vrai régal. A déchiffer, interpréter et consommer sans modération. A partir de 4/5 ans.
A.P.