Au sud de nulle part
Charles Bukowski
Grasset (Le Livre de poche), 1987.
249 p.
A travers 27
nouvelles, Bukowski nous raconte (encore) plus ou moins sa vie. Ses
thèmes de prédilection sont les mêmes dans tous ses livres : l'alcool
et l'ivrognerie, les femmes, l'amour, les courses de chevaux. Ses héros
et en particulier Henry Chinaski (son double littéraire) sont des
poivrots, des écrivains ratés, mais néanmoins talentueux, qui vivent
de petits boulots minables, passant leur temps dans des appartements
crasseux à boire avec des femmes avides comme eux de boissons
alcoolisées.
Ce genre de sujet pourrait être vulgaire, ennuyeux et
restreint s'il était mal traité. Il n'en est rien avec Bukowski. Il
a pris le parti de ridiculiser le rêve américain et de dévoiler la face
cachée de cette Amérique puritaine et prétentieuse. Bukowski magnifie
les laisser-pour-compte, les poivrots, les petites gens. Son style est
simple mais beau, fluide, entrainant, vivant et souvent plein de
tendresse et de poésie. Ses petits récits sont comme des petits verres
de vodka que l'on boit cul sec, qui nous remettent d'aplomb et qui
finissent par nous enivrer. Charles Bukowski est, n'en déplaise à
certains, un très grand écrivain.
I.L.