La douceur
Christophe Honoré
Editions de l'Olivier, 1999.
155 p.




La douceur ? Christophe Honoré aurait pu intituler son deuxième roman "adulte" La douleur. Douleur d'un amour masochiste d'enfant, une passion soumise jusqu'à l'aveuglement qui poussera Steven à commettre un crime, un acte de barbarie. Douleur pour nous de découvrir qu'un écrivain que l'on estimait pour ses romans sincères et anticonventionnels pour la jeunesse, nous met ici mal à l'aise au point de lui en vouloir.
Et de se poser la question : avait-on à 11 ans des pensées et des pulsions aussi paroxystiques que celles de Steven et Jérémy, les deux "enfants criminels de La douceur ? On sait que l'amour peut pousser au meurtre mais cet âge-là est-il déjà celui des passions folles et irraisonnées ? C'est à peine le temps où l'on découvre sa sexualité et le désir (en même temps que la crainte) des filles ou des garçons. Ils ont 11-12 ans, bon sang ! On n'emploie pas ces mots à cet âge là !
Ce récit à plusieurs têtes, admirablement construit, reprend les thèmes chers à Honoré : un enfant comme protagoniste de l'histoire, la culpabilité des parents, incapables de se comporter en adultes responsables et en bons parents, la détresse et le mal de vivre des enfants, l'homosexualité.
Malgré un sujet limite, une scène insoutenable et la difficulté de s'identifier au(x) personnages(s), La douceur nous tient en haleine grâce au style franc et direct de l'auteur et à son vrai talent d'écrivain.
I.L.