Moore le Maure
Percy Kemp
Albin Michel
189 p.



Leslie Moore est un espion anglais. Même s’il ne porte pas le numéro 007, Moore est un charmeur et un séducteur hors-pair, jusqu’au jour où il se rend compte qu’il ne ressent plus les caresses. Alors que tout allait bien dans la vie de Moore, que tout était bien réglé, prévu et ordonné afin de grimper régulièrement l’échelle sociale, ce problème va l’obnubiler au point de transformer Moore l’Epicurien en Moore le Dépressif.
Comme dans Musc, précédent roman de Percy Kemp, le sujet tourne autour d’une obsession. Comme dans Musc, le style est classique, un rien vieillot, plein d’humour…anglais.
Dès le premier chapitre, j’ai été embarquée dans cette histoire extraordinaire et n’ai pas voulu lâcher le pauvre Moore avant de savoir si…
Extrait :"Allongé de cette façon, une femme pourrait certes, tout autant qu’un homme, se rassurer de façon tactile sur sa féminité. Il n’en demeure pas moins que l’absence chez elle d’appendice génital l’obligerait pour se faire de serrer consciemment les cuisses. Et c’est là toute la différence : effort d’un côté, légèreté de l’autre. Confortablement étendu de la sorte, un homme ne risque pas d’oublier qu’il est un homme.
Leslie Moore exhalait donc tout ce bien-être sans pour autant en avoir conscience, ce qui est justement une preuve de plénitude. D’autres que lui n’auraient pas résisté, en pareille circonstance, à la tentation d’émettre qui un rot et qui un pet, histoire de claironner (on a le clairon qu’on peut) que leur béatitude est totale. D’autres, peut-être. Pas Moore. Parce que Moore est un garçon bien élevé, même dans l’intimité, et parce que sa digestion était aussi digne de confiance que ses nerfs, et aussi élastique que ses muscles."

Christelle Divry