La dernière neige
Hubert Mingarelli
Seuil, 2000
125 p.


Étrange travail que celui du narrateur : faire faire un tour de promenade aux pensionnaires de l'hospice local - un service rémunéré selon l'appréciation de chacun. Étrange travail, étrange vie auprès d'un père malade et constamment alité, en proie à de terribles cauchemars. Étrange trio familial, avec une mère qui, en sortant seule le soir, fait se taire et souffrir le père et le fils. Pour acheter un milan, le fils va devoir économiser sou à sou pendant longtemps. Entre le père et son fils, cet achat projeté devient essentiel. Le récit fictif de sa capture, "l'avant", constitue un lien fort, dont la mère est longtemps exclue ; le père, lui, ne saura pas non plus comment son fils a gagné une grande partie de l'argent nécessaire à l'achat de l'oiseau.
Subtil, déroutant, ce roman, où l'on se tait plus qu'on ne parle, se situe à mi-chemin de la fable et du conte, à la frontière de l'onirique et du réel, sans jamais basculer d'un côté ni de l'autre.
Nelly Longelin