Une soif d'amour
Yukio Mishima
Gallimard (Folio), 1987.
245 p.
Etsuko est une
jeune femme qui assiste avec plaisir et soulagement à la mort de son
mari. Il la délaissait et, d'après elle, la trompait surement. Elle
vit désormais à la campagne dans la maison de Yakichi son beau-père qui
devient son amant. Celui-ci est un ancien industriel aujourd'hui à la
retraite, très attaché à ses racines paysannes et heureux d'y revenir.
Etsuko n'aime pas Yakichi mais elle se laisse faire par abandon et
désintérêt de sa propre personne. Elle s'éprend alors violemment de Saburo,
un jeune paysan qui travaille à leur service. Le drame n'est pas loin.
..
Une soif d'amour est le récit d'un amour unilatéral et
dévastateur, celui d'une citadine, aristocrate cultivée, pour un jeune
paysan simple et sans éducation. Etsuko n'est pas sympathique aux yeux
du lecteur. Tout comme Yakichi et ses enfants, elle est froide,
calculatrice, artificielle et même son amour incontrôlable ne nous
émeut pas.
Mishima, dans ce roman, oppose le monde de la ville à
celui de la campagne. Les Sugimoto, des citadins installés à la
campagne, ont apporté la dissimulation, la lâcheté, la mesquinerie dans
un cadre où les gens sont foncièrement honnêtes et francs. Mishima est
passé maître dans l'art de décrire ce milieu à l'atmosphère poisseuse
et sournoise et, même s'il est un rien déprimant et glauque, ce roman
est à lire pour ses grandes qualités narratives et lyriques et pour la
peinture psychologique des personnages et du milieu rural japonais.
I.L.