Même les cow-girls ont du vague à l’âme
Tom Robbins
10/18, 1993
574 p.

Sissy Hankshaw serait un sacré joli brin de fille si elle ne possédait ces deux énormes, gigantesques et incroyables... pouces. Et quand on est une pauvre fleur du sud des États-Unis et qu’on a en tête de faire de l’auto-stop aux étoiles, et bien on peut être sûr que la vie ne sera pas de tout repos. Enflammant le bitume, les corps et les coeurs, Sissy va rencontrer, quitter et retrouver des personnages hauts en couleur (le mot est faible) : la Comtesse, un magnat de l’industrie de l’hygiène intime qui ne supporte pas la femelle ; Julian, l’indien des villes qui deviendra " M. Hankshaw " et croira un temps dompter son auto-stoppeuse, le Chinetoque qui ouvrira notre héroïne (euh, dans tous les sens du terme !) aux secrets du monde et de l’Horloge ; et enfin, la belle et sauvage Bonanza Jellybean et les autres cow-girls du ranch de la Rose de Caoutchouc que l’auteur se fera un plaisir de vous présenter personnellement, lui-même.
Le vocabulaire manque pour dépeindre cette épopée. Écrit en 1976. Even Cowgirls get the blues est un petit chef d’œuvre d’humour et de mélancolie qui bouscule les conventions morales, littéraires et linguistiques. Tout naturellement au fil des pages, l’auteur dialogue avec le lecteur comme on le ferait avec un pote qu’on a pas vu depuis longtemps, et à qui on a plein de choses à raconter. Jouissif est sans doute le meilleur mot pour résumer ce que l’on ressent à la lecture de ce petit pavé qui sent bon l’asphalte, la chair et le crottin de cheval.*

* Mise en image par Gus Van Sant en 1993 avec Uma Thurman dans le rôle de Sissy et superbe BO composée par k.d. lang.
Karietta