En vie
Eugène Savitzkaya
Editions de Minuit
124 p.


Voilà un livre qui sort de l’ordinaire ! Difficile donc de vous le décrire. Ce serait presque un petit plaisir à la Delerm, mais en plus développé, en plus poétique (quoique !), en plus littéraire.
Tout le roman tourne autour d’une vieille masure. Le narrateur se penche sur chacune des activités liées à cette maison : l’état et l’entretien des canalisations, le tout-à-l’égout, le jardin, le parquet à cirer, les vitres à laver…Peu à peu se dessine la famille qui vit en osmose avec cette maison.
Les moindres détails prennent de l’importance… même les rognures d’ongle !
Je vous offre les premières lignes en espérant qu’elles vous donnent envie de voir la suite :
"Dans cette maison, il n’y a que la clenche qui brille, la clenche de la porte d’entrée. On ne peut plus fermer les robinets. Les portes s’ouvrent au moindre courant d’air. Le jet d’eau de la plupart des fenêtres est pourri par les pluies. L’eau s’infiltre par les fissures des pierres de taille. Des lézardes qui continuent à courir ont déchiré le papier des tapisseries soigneusement posées sur des murs crayeux et cireux. A chaque rafale de vent, la poussière du grenier descend les étages. La structure métallique de la marquise est complètement rouillée et tordue, une à une les vitres éclateront, je vous l'assure."
Christelle Divry